Bonjour, ou bonsoir, tout dépend de quand vous lisez cette lettre. En fait, peut-être que vous ne la lirez même pas. Peut-être que la personne qui lit ses ligne n'est autre qu'un vieil ivrogne qui l'a trouvée dans une poubelle. Ou peut-être encore que je suis en train de la relire. Ou que trois ans plus tard, je la retrouve dans un tiroir: je n'ai jamais eu la force ni le courage de l'envoyer.
Mais c'est l'instant présent qui compte, et en l'instant présent, j'ai placé tout mes espoirs en vous. Vous, qui êtes-vous d'ailleurs ? Je ne sais pas, je ne sais même pas qui je suis moi. je m'appelle Shyla Pusher, ça j'en suis sûr, ou presque... J'ai 15 ans, ça aussi je le sais... mais ce n'est pas le plus important. Je ne sais pas ce qui m'arrive, d'où je viens, en fait je ne sais même pas si j'existe vraiment... Peut-être que tout ça est un rêve, un rêve particulièrement long.
Ou peut-être je ne suis qu'une image, une fade reproduction de la vie, une expérience scientifique ratée. Ou peut-être que ma vie n'est qu'un jouet entre les mains d'un enfant qui s'amuse, qui s'amuse à la transformée en cauchemar. Peut-être l'enfant s'est-il lassé de jouer ? Peut-être m'a-t-il abandonnée, et alors je suis tombée à la merci du chat, qui s'est amusé à me manger lentement les membres un par un pour vois si j'étais comestible, avant de m'abandonner lui aussi avec une grimace de dégout. Même le chat ne veut pas de moi...
Ou peut-être encore suis-je morte, tout simplement. Je suis morte, pleurée et enterrée, et ce que je vis est l'Enfer. L'Enfer, qui serait alors une seconde vie où tout n'est que malheur, souffrance et incompréhension.
Parce-que je ne comprend pas, et que j'en souffre. Je souffre de me voir peu à peu m'éloigner de ma famille et de mes amis, d'être ainsi rejetée...
Et vous, vous qui m'êtes inconnue ? Vous qui m'apportez cette minuscule lueur d'espoir de ne pas être toute seule ? Alors, peut-être que l'enfant me retrouvera et recollera un à un les morceaux que son chat aura arraché. Et il s'attachera à moi, et me gardera, et me chérira, et je mourrai tranquillement, tendrement, avec le sentiment d'avoir été aimée.
Je suis différente, ça je le sais. J'en souffre, je le sais également. Mais peut-être que vous aussi, êtes différent. En tout cas, j'en ai l'espoir. Même minuscule. Je l'ai.
Si vous me comprenez, si vous compatissez, je vous en pris, aidez-moi, aidez-moi à sortir de ce calvaire...